đ La saison oĂč lâon sâaime soi-mĂȘme : et si lâautomne Ă©tait fait pour cela ?
- Yann Lecoq
- 26 sept.
- 7 min de lecture

Il y a dans lâair dâoctobre une douceur Ă©trange, comme une main invisible qui effleure nos Ă©paules. Le ciel se pare dâun bleu plus profond, la lumiĂšre devient miel, les feuilles tourbillonnent avec lâĂ©lĂ©gance de ce qui sait que tout doit passer. Dans les jardins, les roses sâinclinent, fatiguĂ©es de lâĂ©tĂ©, et la terre se prĂ©pare au silence.
Câest une saison qui nous parle bas, qui nous invite Ă ralentir, Ă revenir vers nous. Lâautomne est cette respiration du monde qui nous murmure : « Il nây a rien Ă prouver. Il nây a rien Ă possĂ©der. Juste ĂȘtre lĂ , prĂ©sent·e Ă soi-mĂȘme. »
Et pourtant, dans cette beautĂ©, nombre dâentre nous ressentent plus que jamais le poids dâune absence. Lorsque les jours raccourcissent et que les soirĂ©es sâallongent, la solitude sâinstalle dans nos maisons comme un hĂŽte silencieux. LĂ oĂč dâautres parlent dâamour, de projets Ă deux, de bras qui attendent, certaines dâentre nous nâont que leur tasse de thĂ© pour tĂ©moin.
Alors, que fait-on quand lâamour ne vient pas ? Quand la chaise dâen face reste vide ? Quand lâautomne, au lieu de rĂ©chauffer, nous rappelle ce que nous nâavons pas ?
Peut-ĂȘtre⊠on apprend Ă sâaimer. Non pas comme un pis-aller, non pas comme une injonction, mais comme une Ćuvre. Car si lâautomne dĂ©pouille les arbres pour mieux prĂ©parer le printemps, il dĂ©pouille aussi nos cĆurs pour les inviter Ă une saison essentielle : celle oĂč lâon sâaime soi-mĂȘme.
đ Solitude ou saison intĂ©rieure ?
On a souvent prĂ©sentĂ© la solitude comme un manque : un espace vide Ă combler, un vide Ă rĂ©parer, un problĂšme Ă rĂ©soudre. Pourtant, la solitude nâest pas un dĂ©faut. Câest une saison intĂ©rieure. Elle nâest ni Ă©ternelle, ni stĂ©rile. Elle est ce moment oĂč lâon cesse de courir aprĂšs lâextĂ©rieur pour retourner vers lâintĂ©rieur.
Dans le cycle de la nature, lâautomne prĂ©cĂšde toujours lâexplosion du printemps. Rien ne pousse sans ce temps de repli, sans cette lente germination sous la surface. Et il en va de mĂȘme pour nous.
Nos pĂ©riodes de solitude sont rarement des impasses ; elles sont des incubateurs invisibles. Elles sont ce lieu oĂč lâon apprend Ă se connaĂźtre autrement, oĂč lâon dĂ©couvre quâau-delĂ du bruit, il existe une musique plus subtile : celle de notre propre prĂ©sence.
Il est possible que vous traversiez cette saison en pensant : « Je suis seule parce que je nâai pas Ă©tĂ© choisie. » Et si câĂ©tait lâinverse ?
Et si vous Ă©tiez seule non pas parce que vous manquez dâamour, mais parce que votre vie vous offre ce temps prĂ©cieux pour apprendre Ă vous choisir vous-mĂȘme ?
đȘ Lâart dâaimer sa propre prĂ©sence
Aimer sa propre compagnie nâest pas une consolation. Câest un acte de courage.
Il ne sâagit pas dâĂ©riger des murs ou de se convaincre quâon nâa besoin de personne. Il sâagit de rĂ©apprendre Ă se rencontrer. De se souvenir que nous sommes plus vastes que ce que nous croyons.
Cela commence par de petites choses : prĂ©parer un repas pour soi avec autant de soin que si un invitĂ© allait venir. Sâoffrir des fleurs sans attendre quâon nous en offre. Se promener longtemps, seule, et Ă©couter vraiment les bruits du monde.
Peu Ă peu, un espace sâouvre. Celui dâun dialogue intime, oĂč lâon cesse de se fuir et oĂč lâon commence Ă sâhabiter.
Car la vĂ©ritĂ© est lĂ : si nous ne savons pas ĂȘtre bien dans notre propre compagnie, nous finirons toujours par demander Ă lâautre de remplir ce vide Ă sa place. Et câest trop lourd pour nâimporte quel amour.
Apprendre Ă aimer sa propre prĂ©sence, ce nâest pas sâĂ©loigner de lâamour. Câest, au contraire, le prĂ©parer Ă venir dans des conditions plus belles, plus libres, plus vraies.
đż Les graines invisibles : ce que lâautomne prĂ©pare en nous
Dans les champs, rien ne pousse sans la lenteur. La terre doit se reposer, les feuilles mortes doivent se dĂ©composer, la lumiĂšre doit dĂ©cliner. Lâautomne est un acte de confiance : tout semble sâĂ©teindre alors que tout se prĂ©pare.
Notre vie intĂ©rieure obĂ©it aux mĂȘmes lois. Ce qui semble aujourdâhui vide est souvent ce qui prĂ©pare lâabondance de demain. Nos saisons de solitude ne sont pas des pauses inutiles : elles sont des passages initiatiques. Elles nous permettent dâapprendre la patience, dâaffiner nos dĂ©sirs, dâassainir nos blessures.
Il nây a rien dâinutile dans ce que vous vivez. Peut-ĂȘtre que cette saison nâest pas une parenthĂšse entre deux histoires dâamour, mais le moment prĂ©cis oĂč votre cĆur apprend une autre langue. Une langue faite de douceur, de respect, de tendresse envers soi-mĂȘme.
Et câest souvent dans ce langage-lĂ que lâamour, le vrai, finit par nous reconnaĂźtre.
đ« Aimer avant dâĂȘtre aimĂ©
Nous avons grandi avec lâidĂ©e que lâamour vient de lâextĂ©rieur. Quâil nous sera donnĂ©, quâil nous sera offert, quâil viendra nous complĂ©ter. Mais lâamour ne commence pas lorsquâune autre personne nous regarde. Il commence bien avant. Il commence dans la façon dont nous nous regardons nous-mĂȘmes
.
Sâaimer ne signifie pas sâadorer, se trouver parfaite, ou nier nos fragilitĂ©s. Cela signifie simplement ĂȘtre lĂ pour soi. Ne plus sâabandonner. Se parler comme on parlerait Ă lâĂȘtre quâon aime le plus.
Lâamour que nous nous portons devient alors une terre fertile. Et lorsque quelquâun viendra, il nâaura pas Ă nous sauver. Il pourra simplement marcher Ă nos cĂŽtĂ©s.
đ§ Ce que disent les neurosciences : la solitude réécrit notre cerveau
Longtemps considĂ©rĂ©e comme un Ă©tat nĂ©gatif, la solitude est aujourdâhui Ă©tudiĂ©e avec un regard nouveau par les neurosciences. Elle nâest pas seulement lâabsence de lien : elle est aussi un terrain dâadaptation et de transformation.
Lorsque nous traversons une pĂ©riode de retrait social, notre cerveau se rĂ©organise. Il renforce certaines zones associĂ©es Ă lâintrospection, Ă la mĂ©moire autobiographique et Ă la rĂ©gulation Ă©motionnelle. La neuroplasticitĂ© â cette capacitĂ© quâa notre cerveau Ă se remodeler â sâintensifie dans ces phases de repli.
En dâautres termes, la solitude peut affiner notre intelligence Ă©motionnelle, affermir notre rĂ©silience, et augmenter notre capacitĂ© Ă crĂ©er des liens sains et durables plus tard.
Elle agit aussi comme une rĂ©initialisation : elle permet de calmer le systĂšme limbique (centre des Ă©motions), de restaurer notre tolĂ©rance au stress et de rééquilibrer nos circuits dopaminergiques â ceux-lĂ mĂȘmes qui conditionnent notre maniĂšre dâaimer.
Ainsi, loin dâĂȘtre un vide, la solitude est une rééducation neuronale vers une meilleure capacitĂ© dâaimer.
đ Lâanthropologie de la solitude : une Ă©tape initiatique universelle
Dans toutes les cultures humaines, les périodes de retrait ont toujours eu un rÎle fondateur.
Chez les peuples premiers, lâisolement volontaire marquait les passages de vie : adolescence, maternitĂ©, deuil, nouvelle mission. Dans les monastĂšres, la retraite spirituelle nâĂ©tait pas un exil mais une maturation. MĂȘme dans les sociĂ©tĂ©s modernes, les grands tournants â sĂ©paration, dĂ©mĂ©nagement, reconversion â sâaccompagnent souvent dâun moment de solitude.
Pourquoi ? Parce que la solitude est une matrice. Elle nâest pas lâantithĂšse du lien, elle en est le prĂ©lude. Elle nous dĂ©pouille de ce qui est superflu, nous oblige Ă redĂ©finir qui nous sommes sans miroir extĂ©rieur. Elle nous ramĂšne Ă lâessentiel : notre propre prĂ©sence.
Ce nâest quâaprĂšs cette traversĂ©e que nous pouvons revenir vers les autres avec un amour moins dĂ©pendant, plus conscient, plus enracinĂ©. Ce nâest pas un hasard si tant de rĂ©cits de transformation commencent par un retrait. Nous ne sommes jamais autant prĂȘts Ă aimer que lorsque nous avons appris Ă ĂȘtre bien mĂȘme sans.
â€ïžâđ„ LâĂ©clairage des sexologues : lâintimitĂ© commence bien avant la rencontre
On croit souvent que la sensualitĂ©, le dĂ©sir, lâintimitĂ© sont des rĂ©alitĂ©s Ă deux. Pourtant, tout commence bien avant.
Les sexologues sâaccordent Ă dire que la qualitĂ© de notre vie amoureuse future dĂ©pend profondĂ©ment de la relation que nous entretenons avec notre propre corps, notre propre dĂ©sir, notre propre plaisir.
Lorsque nous passons du temps seuls, nous avons lâoccasion dâexplorer cette dimension sans pression extĂ©rieure. Apprendre Ă Ă©couter son corps, Ă se faire du bien, Ă sâaccueillir, Ă ne plus juger ses envies, câest dĂ©jĂ bĂątir un terrain dâintimitĂ©.
Et cet amour-lĂ , celui que lâon se porte Ă soi-mĂȘme, attire naturellement des relations plus conscientes et plus respectueuses. Parce que nous ne cherchons plus Ă combler un vide, mais Ă partager un trop-plein.
đ Rituel dâautomne â âLe feu des feuillesâ
Voici un petit rituel doux et symbolique à réaliser pendant cette saison :
đ MatĂ©riel : quelques feuilles mortes ramassĂ©es en marchant, une bougie, un bol ou une assiette creuse.
đȘ Ătapes :
Ăcrivez sur chaque feuille un mot ou une phrase qui symbolise une croyance limitante sur vous-mĂȘme (âJe ne mĂ©rite pas lâamourâ, âJe ne suis pas assez intĂ©ressanteâ, etc.).
Allumez la bougie, respirez profondément.
Laissez chaque feuille se consumer (ou dĂ©chirez-la si vous prĂ©fĂ©rez Ă©viter le feu) en prononçant doucement :« Je laisse partir ce qui ne mâappartient plus. »
Puis, tenez vos mains sur votre cĆur et rĂ©pĂ©tez :« Jâapprends Ă mâaimer ici, maintenant, sans condition. »
Ce geste simple, rĂ©pĂ©tĂ© plusieurs fois durant lâautomne, agit comme un ancrage symbolique. Il dit Ă notre inconscient : je ne suis pas incomplĂšte. Je suis en construction.
â FAQ â Solitude, amour et renaissance
đ Est-il normal de se sentir triste en Ă©tant seule ?
Oui. La tristesse est une Ă©motion humaine, pas un Ă©chec. Elle nous indique simplement quâun besoin dâamour, de lien ou de sens cherche Ă sâexprimer. Accueillir cette Ă©motion, câest dĂ©jĂ prendre soin de soi.
đ Peut-on vraiment ĂȘtre heureux sans ĂȘtre en couple ?
Absolument. Le couple est une forme dâamour, pas lâunique forme. Lâamour de soi, lâamitiĂ©, la crĂ©ation, la spiritualitĂ©, la nature⊠sont autant de chemins vers la joie. Ătre seule ne signifie pas ĂȘtre incomplĂšte.
đż Comment savoir si je suis prĂȘte Ă aimer de nouveau ?
Quand votre paix ne dĂ©pend plus dâune prĂ©sence extĂ©rieure. Quand votre solitude ne vous fait plus peur mais vous inspire. Câest souvent lĂ , paradoxalement, que lâamour trouve le chemin jusquâĂ vous.
đ„ Comment transformer ma solitude en force ?
En la vivant consciemment. En crĂ©ant des rituels pour vous, en nourrissant votre curiositĂ©, votre corps, votre esprit. En vous parlant comme on parlerait Ă quelquâun quâon aime profondĂ©ment. La solitude devient puissance lorsquâelle devient choix.
âš En guise de derniĂšre feuilleâŠ
Lâautomne nâest pas la fin. Câest un commencement dĂ©guisĂ©. Câest le moment oĂč la nature nous rappelle que mĂȘme dĂ©pouillĂ©e, elle reste vivante. MĂȘme nue, elle prĂ©pare la floraison.
Et si votre cĆur ressemblait aujourdâhui Ă un arbre sans feuilles, souvenez-vous : il est toujours un arbre. Il est toujours vivant. Et dans ses racines, dĂ©jĂ , se prĂ©pare le printemps.
Alors oui, aimez-vous. MĂȘme seule. MĂȘme dans le silence. MĂȘme quand personne ne regarde. Parce que câest prĂ©cisĂ©ment lĂ que commence lâamour le plus solide : celui qui ne dĂ©pend plus dâĂȘtre choisi.
đżEt si, sur ce chemin, vous souhaitez recevoir un regard bienveillant, une guidance, une lumiĂšre pour avancer plus sereinement vers lâamour â quâil soit pour vous-mĂȘme ou pour un autre â, vous pouvez dĂ©couvrir mes accompagnements sur yann-lecoq.com.
âš La saison oĂč lâon sâaime soi-mĂȘme nâest pas une saison de repli. Câest une saison de germination. Et si vous ĂȘtes dans cette traversĂ©e, alors sachez-le : vous nâĂȘtes pas en retard. Vous ĂȘtes exactement lĂ oĂč la vie vous prĂ©pare.
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