Résumé de l'article: Cet article examine les implications géopolitiques du retrait américain et de l'ascension du nationalisme en Europe, en mettant l'accent sur les ambitions de la Russie et le soutien stratégique de la Chine. Il analyse les impacts sur les pays voisins de la Russie, les relations entre Marine Le Pen et Vladimir Poutine, ainsi que la montée des mouvements nationalistes en Europe et leurs avantages pour la Russie.
Introduction
Alors que les tensions géopolitiques continuent de croître, l'Europe doit se préparer à faire face à une Russie plus assertive sous la direction de Vladimir Poutine. Avec un soutien occidental potentiellement affaibli et une Europe divisée, les ambitions de Poutine pourraient s'étendre. Voici un examen des conséquences pour les pays voisins de la Russie et des transformations majeures des institutions internationales sous l'influence russe.
Les ambitions de Vladimir Poutine
Avec une Europe divisée et un soutien occidental affaibli, Vladimir Poutine pourrait exploiter cette faiblesse. Voici ce qui attend les pays voisins de la Russie :
Moldavie : La région de la Transnistrie pourrait devenir le prochain théâtre de l'influence russe, Moscou intervenant sous prétexte de protéger les populations russophones. L'Europe et l'OTAN ont souvent réagi par des sanctions et un renforcement des défenses, comme cela a été le cas après l'annexion de la Crimée en 2014. Pourtant, il est crucial de reconnaître que la Moldavie reste vulnérable en l'absence d'une défense européenne unifiée.
Pays baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie) : Bien que membres de l'OTAN, ces nations pourraient faire face à des tactiques hybrides de la part de la Russie, visant à déstabiliser sans provoquer une réponse militaire directe de l'alliance. L'OTAN a renforcé la défense collective, mais il reste à voir si cette capacité est suffisante pour dissuader une Russie déterminée.
Kazakhstan : La stabilité du Kazakhstan pourrait être ébranlée, avec la Russie exploitant les tensions internes pour étendre son influence. Les précédents historiques montrent que le Kazakhstan a maintenu une certaine indépendance grâce à ses relations avec divers partenaires, y compris la Chine. Cependant, l'absence d'une réponse coordonnée pourrait laisser le Kazakhstan vulnérable.
Biélorussie : Bien que déjà sous l'influence de Moscou, tout mouvement vers une plus grande indépendance ou vers l'Occident pourrait être réprimé. Les dynamiques internes biélorusses et les réponses européennes pourraient cependant compliquer les ambitions russes. Il est toutefois probable que la Russie continuera de renforcer son contrôle.
Des politiques pro-russes, affaiblissant l'unité européenne
Marine Le Pen, leader du Rassemblement National (RN), pourrait aligner la politique française sur les intérêts russes. La France une "quasi-province russe". Une victoire électorale de Le Pen pourrait conduire à des politiques pro-russes, affaiblissant l'unité européenne.
Mais comment séduire pour être présente ?
Un exemple pertinent est l'outil Jordan Bardella: un jeune homme de 28 ans d'origine italienne et algérienne, qui prône le nationalisme au sein du RN. Bardella a su capter l'attention des jeunes électeurs sur TikTok, une génération souvent désengagée politiquement.
En utilisant des messages nationalistes, il a attiré un électorat jeune et engagé, y compris des électeurs étrangers résidant en France, renforçant ainsi la base de soutien du RN. Bardella utilise ses origines pour montrer que le RN n'est pas intrinsèquement raciste, mais se concentre sur l'intégration et le respect des lois françaises (euronews) (KnowInsiders) (Yahoo News – Latest news & headlines).
Contexte économique et sentiment de désengagement
L'électorat français est également influencé par le contexte économique difficile. Les hausses des prix de l'énergie, des matières premières et des denrées alimentaires, souvent perçues comme un "impôt de guerre", ont affaibli le pouvoir d'achat des ménages. Ce contexte économique pousse certains électeurs à souhaiter un désengagement du conflit en Ukraine pour se concentrer sur les problèmes internes et alléger le fardeau économique.
Des enquêtes montrent que bien que le soutien européen pour l'Ukraine demeure élevé, il y a un déclin progressif de ce soutien en raison des coûts économiques croissants. Par exemple, un rapport de Bruegel indique que malgré une diminution du soutien pour les sanctions et l'envoi d'armes, la majorité des Européens continue de soutenir l'aide à l'Ukraine, bien que de manière plus prudente qu'au début du conflit.
Autres mouvements nationalistes en Europe
D'autres pays européens connaissent également une montée des mouvements nationalistes, souvent profitables à Vladimir Poutine. Voici une liste non exhaustive des principaux mouvements nationalistes en Europe et leurs impacts :
Italie :
Des partis comme Fratelli d'Italia, la Ligue et Forza Italia ont vu une augmentation significative de leur part de voix, prônant des politiques eurosceptiques et souvent pro-russes. Giorgia Meloni, leader de Fratelli d'Italia, a remporté les élections et gouverne actuellement avec ces partis.
Espagne :
Le parti Vox, avec une rhétorique nationaliste et eurosceptique, a également gagné en popularité, doublant presque sa part de voix entre 2015 et 2019.
Hongrie :
Le Fidesz de Viktor Orbán, au pouvoir depuis 2010, maintient des relations étroites avec la Russie, souvent en opposition aux politiques de l'UE.
Pologne :
Le parti Droit et Justice (PiS) a considérablement augmenté son influence, adoptant des positions eurosceptiques et parfois ambivalentes vis-à-vis de la Russie.
Suède et Finlande :
Des partis nationalistes comme les Démocrates de Suède et les Vrais Finlandais ont gagné du terrain, influençant les politiques nationales et souvent adoptant des positions critiques envers l'UE et favorables à des relations plus étroites avec la Russie.
Allemagne :
L'Alternative für Deutschland (AfD) a réussi à s'établir comme une force politique majeure en Allemagne, en particulier dans les anciens États de l'Allemagne de l'Est. Le parti prône des politiques anti-immigration et eurosceptiques, et a exprimé à plusieurs reprises des sympathies pour la Russie.
Autriche :
Le Parti de la liberté d'Autriche (FPÖ), bien que traditionnellement eurosceptique et nationaliste, a montré des sympathies pour la Russie. Ils ont signé un accord de coopération avec le parti de Poutine, Russie Unie, en 2016.
Grèce :
Bien que le parti néo-nazi Aube dorée ait été largement discrédité et ses dirigeants emprisonnés, d'autres partis nationalistes comme Solution grecque gagnent en popularité en capitalisant sur le mécontentement économique et l'immigration.
Pays-Bas :
Le Parti pour la liberté (PVV) de Geert Wilders et le Forum pour la démocratie (FvD) de Thierry Baudet sont des forces nationalistes significatives, prônant des politiques anti-immigration et eurosceptiques.
Ces mouvements partagent souvent une affinité idéologique avec la Russie, appréciant ses valeurs conservatrices et sa défense de la souveraineté nationale. Ils voient en Poutine un modèle de leadership fort qui s'oppose à la mondialisation et à l'influence américaine. Ces partis profitent de leur relation avec Moscou pour légitimer leurs positions et influencer le discours politique en Europe, souvent en faveur des intérêts russes.
Refonte de l'OTAN, de l'ONU et du FMI sous une influence russe
Sous la pression d'un monde réorganisé par les ambitions russes, les grandes institutions internationales pourraient subir des transformations majeures :
OTAN
L'OTAN pourrait être contrainte de se réinventer face aux défis posés par la Russie. Après l'annexion de la Crimée en 2014, l'OTAN a renforcé sa présence en Europe de l'Est, mais un engagement américain affaibli pourrait compromettre l'efficacité de l'alliance. La Russie pourrait exploiter les divisions au sein de l'OTAN pour promouvoir une nouvelle architecture de sécurité européenne sous son influence. Cela pourrait mener à une OTAN affaiblie ou même à sa dissolution, remplacée par une structure de sécurité où Moscou jouerait un rôle central (Yahoo News – Latest news & headlines) (KnowInsiders).
ONU
Bien que l'ONU soit souvent critiquée pour son inefficacité, une réforme majeure augmentant le pouvoir de veto de la Russie et de ses alliés est peu probable sans un large consensus international, difficile à atteindre. Cependant, la Russie pourrait utiliser son influence pour paralyser l'ONU dans les conflits où ses intérêts sont en jeu. Cela pourrait réduire l'efficacité de l'ONU et limiter sa capacité à intervenir dans les crises internationales impliquant la Russie ou ses partenaires stratégiques (KnowInsiders).
FMI
Le FMI pourrait voir une augmentation de l'influence des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), avec une réorientation progressive des politiques économiques pour favoriser les intérêts russes et chinois. Cependant, une transformation radicale nécessiterait des changements structurels majeurs, peu probables à court terme. Les réformes du FMI se font généralement de manière graduelle et nécessitent un consensus large. Pourtant, l'augmentation de l'influence des économies émergentes pourrait progressivement transformer les priorités du FMI, éloignant les politiques des intérêts des économies occidentales (Yahoo News – Latest news & headlines).
La Chine derrière Poutine
La Chine, en tant qu'allié stratégique de la Russie, pourrait jouer un rôle crucial en soutenant économiquement et politiquement Moscou. Cependant, la relation sino-russe est souvent pragmatique, la Chine équilibrant ses relations avec l'Occident pour maximiser ses propres intérêts. Cette complexité pourrait limiter le soutien inconditionnel de Pékin à Moscou.
La Chine voit en la Russie un partenaire stratégique contre l'influence occidentale, particulièrement des États-Unis. Cette alliance se manifeste par une coopération renforcée dans plusieurs domaines clés, notamment l'énergie, les infrastructures, et les technologies militaires. Par exemple, la Russie est devenue un fournisseur clé de pétrole et de gaz pour la Chine, particulièrement depuis que les sanctions occidentales ont restreint les marchés européens pour les hydrocarbures russes.
Cependant, la Chine reste prudente dans son soutien à la Russie pour éviter des représailles économiques de la part de ses principaux partenaires commerciaux occidentaux. Malgré cette prudence, Pékin a exprimé à plusieurs reprises une compréhension pour les préoccupations sécuritaires de la Russie concernant l'élargissement de l'OTAN et a critiqué les sanctions occidentales contre Moscou (KnowInsiders) (Yahoo News – Latest news & headlines).
Conclusion
L'Ukraine pourrait bien être un catalyseur d'un bouleversement mondial.
Références
Le Monde
Foreign Policy
NATO Review
Chatham House
Brookings Institution
CSIS
The Diplomat
The Guardian
Al Jazeera
Atlantic Council
RAND Corporation
Council on Foreign Relations
Bruegel
World Economic Forum
Pew Research Center
Euronews
International IDEA
Encyclopedia Geopolitica
Wellington US Intermediary
McKinsey & Company
Comentários