top of page
Photo du rédacteurYann Lecoq

Journal de bord d'une folle : la lumière vacillante : Partie 3


Une femme touche son visage de ses doigts
Ils sont des chemins, des voies ouvertes, des possibilités.

Le chaos ne pardonne pas


Rien ne se calme vraiment.

Le chaos est toujours là

,bruyant, exigeant.

Il ne lui laisse pas de répit,

ne lui offre aucune garantie.

Caroline est à genoux,

ses mains agrippant la terre meuble du bord de l’abîme.

Elle sent la tension dans ses muscles,

dans son souffle qui cherche à se stabiliser.

Ce n’est pas une victoire.

Ce n’est pas une fin heureuse.

C’est une lutte permanente,

un effort pour trouver un équilibre

dans un monde où l’ordre ne reviendra jamais totalement.


16 octobre 2024, 18h00

Caroline observe ses mains, ces mains qui ont dessiné des fleurs, caressé des joues d’enfants, mais qui aujourd’hui tremblent légèrement. Elles semblent porter en elles une histoire qu’elle n’arrive pas à raconter, une mélodie brisée.


Elle repense à ses dessins, ces pétales fragiles qu’elle traçait avec obsession. Chaque courbe était une tentative de saisir quelque chose d’éphémère, de lutter contre l’impermanence. Mais ce soir, elle se demande si elle a toujours cherché à capturer les fleurs au mauvais moment.

Peut-être que leur beauté réside précisément dans leur chute, dans ce moment où elles se fanent mais restent fières.

Ses mains tremblent encore, mais ce tremblement, elle le ressent différemment. Ce n’est pas une faiblesse. C’est une rébellion contre l’immobilité.


La lumière dans l’instabilité


Caroline finit par se relever,

chancelante mais debout.

Elle ne sait pas si elle est plus forte,

mais elle est différente.

Le chaos ne s’est pas apaisé.

Il continue de gronder,

comme un fond sonore qui ne disparaîtra jamais.

Mais dans ce tumulte,

Caroline perçoit autre chose :

un rythme.

Ce chaos, elle le comprend maintenant,

ne cherche pas à la détruire pour la réduire à rien.

Il cherche à créer quelque chose de nouveau,

à lui offrir une vie différente,

faite d’instabilité,

de tension,

mais aussi de potentiel.

Elle ouvre les yeux.

Le labyrinthe est toujours là,

les murs toujours hauts,

mais elle ne les voit plus comme des prisons.

Ils sont des chemins,

des voies ouvertes,

des possibilités.


17 octobre 2024, 22h39

La nuit est dense, presque oppressante, mais une pensée émerge doucement dans son esprit : “Et si je n’étais pas seulement victime de ce chaos ? Et si j’en étais aussi l’artisane ?”

Caroline pense à son ego, à ce besoin d’être vue, reconnue, aimée.

Elle se demande si cet ego, cet orgueil presque malade, n’est pas aussi une preuve qu’elle est encore vivante. Après tout, seuls ceux qui croient encore en leur valeur crient si fort.


Elle imagine alors ses filles. Elles sont grandes maintenant, loin de cette unité où elle se bat pour rester debout. Mais dans son esprit, elles courent toujours dans un champ de fleurs qu’elle dessinait autrefois. Caroline fait un vœu silencieux : “Un jour, elles me verront comme je veux être vue : pas parfaite, mais debout.”


18 octobre 2024, 08h05

Le matin arrive, mais l’unité est froide, chargée d’une odeur métallique et aseptisée. Caroline inspire profondément, et ce simple geste lui rappelle qu’elle est encore là. Son souffle est irrégulier, un peu rauque, mais il existe.


Elle pense aux fleurs. Elle imagine une tige frêle, battue par le vent, mais qui reste debout. Elle voudrait être cette tige, mais elle se sent encore trop fragile. Alors elle ferme les yeux et fait ce vœu : “Continue, même si tu te brises.”


Son corps est lourd, mais ses pensées sont plus légères ce matin. Comme si, dans ce chaos, il y avait aussi un début de structure, une harmonie naissante qu’elle n’ose pas encore nommer.


19 octobre 2024, 15h30

Elle est assise près de la fenêtre, son regard perdu dans le mouvement des feuilles qui tombent. Une feuille tournoie doucement, et Caroline la suit des yeux. Ce mouvement lui rappelle ses dessins. Elle aimait capturer les instants où les fleurs commençaient à flétrir, non pas parce qu’elles mouraient, mais parce qu’elles changeaient.


Elle se demande si elle pourrait, elle aussi, changer au lieu de sombrer. Être comme cette feuille : fragile mais gracieuse dans sa chute. Cette pensée la réconforte. Elle pose ses mains sur ses genoux, les observe. Elles tremblent encore, mais aujourd’hui, cela lui semble presque beau.


20 octobre 2024, 21h12

Caroline ferme les yeux et imagine les sept océans en elle. Ces flots qui, depuis des semaines, ne cessent de s’entrelacer, de se heurter, de gronder. Elle pensait que ce chaos allait la noyer, mais ce soir, elle le ressent autrement.


Ces océans ne sont pas ses ennemis. Ils sont vivants, comme elle.


Elle repense aux vaisseaux maudits qu’elle imaginait au début. Ces navires rongés, perdus, dérivant sans port d’attache. Ce soir, elle se dit que ces vaisseaux ne sont pas maudits. Ils sont courageux. Ils avancent, même sans savoir où ils vont. Peut-être qu’elle est l’un d’eux, une coque brisée mais toujours flottante.


Une tension vivante


Caroline n’a pas trouvé la paix.

Mais elle n’a plus besoin de la chercher.

Elle accepte que sa lumière brûlera toujours dans cette tension,

dans cet équilibre précaire entre l’abîme et la création.

Et cette fois, elle avance,

non parce qu’elle est guérie,

mais parce qu’elle est prête à ne jamais l’être complètement.

Elle marche avec l’abîme en elle,

avec le chaos autour d’elle,

et avec une lumière vacillante qui refuse de s’éteindre.


21 octobre 2024, 22h42

La nuit enveloppe l’unité, et Caroline s’enfonce dans son lit, les yeux grands ouverts. Elle touche ses mains, ces mains qui ont toujours tremblé, mais qui, malgré tout, continuent de bouger. Elle imagine de nouveau ses fleurs, ces pétales qu’elle traçait avec une précision presque obsessionnelle.


Ce soir, elle ne cherche plus à les dessiner. Elle les ressent. Chaque pensée, chaque tremblement, chaque souffle est une fleur qui pousse en elle, fragile mais persistante.

Caroline ne cherche plus un torse pour poser sa tête. Elle devient ce torse. Ce refuge qu’elle voulait trouver chez un autre, elle commence à le bâtir pour elle-même.

Elle fait un dernier vœu avant de fermer les yeux : “Continue de flotter, continue de fleurir.”


Résumé des titres :

Posts récents

Voir tout

Comments


bottom of page